dimanche 2 novembre 2014

Le goût de la vie commune, Claude Habib

Essai publié chez Flammarion en 2014. Claude Habib est Professeur à l'Université Sorbonne nouvelle, elle est spécialisée dans les études sur les relations amoureuses (Galanterie française, 2006 ; Le Consentement amoureux, 1998), notamment à travers le prisme des écrits de Rousseau (Rousseau, les femmes et la cité, 2001). Elle est plus récemment intervenue dans le débat public sur le genre et le mariage pour tous.

Caude Habib a récemment donné de la voix dans ce débat qui secoue la société française, et qui a révélé les positions extrêmes soutenues par les uns en faveur d'une vision traditionnelle du couple et de la famille résumés à un homme et une femme entourés de leur descendance, et par les autres désireux d'ouvrir les cadres traditionnels, quitte à soutenir de nouvelles configurations familiales (deux hommes ensemble, deux femmes ensemble, au sein d'une famille recomposée, soit par le biais de l'adoption des enfants du conjoint ou alors en ayant recours à la procréation médicalement assistée) vis-à-vis desquelles l'histoire offre encore un regard rétrospectif insuffisant pour déterminer si ces nouvelles sociabilités peuvent être viables ou non. En clair, là où les uns s'accrochent au roc de la tradition pluriséculaire ayant fait ses preuves, grosso modo, les autres veulent libérer les individus du joug des modèles à suivre en leur permettant de rechercher la formule qui leur permettrait de trouver leur épanouissement personnel. Au-delà des cris et de l'excitation des batailles rangées, qui pour maintenir la stabilité d'une société menacée de dissolution dans ses fondements mêmes, qui pour libérer les individus en leur permettant d'innover et d'expérimenter pour enfin trouver leur bonheur, Claude Habib nous offre un petit coin de calme au sein duquel chacun est à même de se reposer, de reprendre ses esprits et de faire usage, calmement, de sa raison, de ses instincts et de son affect pour considérer la situation.

Claude Habib n'est pas une polémiste, même si néanmoins on sent poindre chez elle une tenante de thèses se rattachant à la défense du couple et de la famille traditionnels, contre toutes les attaques subies par ces institutions, non seulement par le courant de pensée LGBT, mais plus généralement par les transformations induites par la vie moderne ou encore le féminisme. Son but est de rallier tout le monde en ouvrant la tradition de façon raisonnable de façon à faire de la place aux nouveaux couples engagés dans un processus de relation durable et stable. Oui, selon elle, la norme doit être réaffirmée, mais en même temps elle doit être assouplie de façon à effacer tout ce qu'elle peut contenir d'imposant, d'écrasant, de dominateur et d'arrogant vis-à-vis de ceux qui ne se sentiraient pas à leur aise dans un modèle social trop rigide. Une norme sociale incluante, qui ne rejette pas les "divergents" a priori, voilà ce que Claude Habib semble inlassablement rechercher dans ses écrits et lors des débats auxquels elle participe, sans avoir peur de se confronter aux tenants les plus "rentre-dedans" de la théorie du genre (voir le Forum organisé à Montpellier par Libération sur Le genre d'après le 9 novembre 2013).

Sa défense du couple ("conjugalisme"), elle l'organise dans son ouvrage Le goût de la vie commune autour de plusieurs thématiques auxquelles lui ont fait penser ses lectures, notamment Rousseau, mais aussi ses expériences personnelles dont elle nous fait part avec une certaine candeur, ce qui donne une force supplémentaire à un argumentaire non pas fondée uniquement sur des réflexions patiemment élaborées au cours de sa fréquentation assidue des auteurs (non seulement Rousseau, mais aussi Pascal, La Fontaine, Benjamin Constant, Montesquieu, Diderot, jusqu'à François Jullien), mais aussi sur de petits morceaux de sa propre vie (séparation, célibat, nouvelle relation, etc.) dans lesquels le lecteur pourra aisément se reconnaître.

Parmi les thèmes que nous retiendrons, il y a l'ennui dont elle nous démontre le rôle régénérateur qu'il est suscetible d'occuper dans une relation de couple, en le qualifiant de "rumination intérieure", de "mode ininterrompu, sans forme ni brio, qui est la manière d'être de la pensée sans témoin" (p. 20).

L'auteur met également en avant la douceur induite par la familiarité qui s'installe au fur et à mesure que le temps passe entre deux êtres qui se modèlent l'un en fonction de l'autre, non pas nécessairement par les concessions multiples qu'il ferait à leur conjoint, mais par un enrichissement mutuel, en se transmettant certaines de leurs caractéristiques les plus remarquables, une forme d'humour par exemple, héritage tellement intériorisé qu'il en devient pour Claude Habib une caractéristique propre première. Elle examine également l'argument opposé par les féministes en faveur d'une plus grande autonomie et d'une égalité stricte entre les hommes et les femmes, mettant en garde contre les excès auxquels l'autonomie des femmes peut mener, en évoquant notamment le renversement de la situation de la femme célibataire et sans enfant, glamourisée par des séries TV telles que Sex and the City :

"Elle est partout en vedette, c'est le role model de l'autonomie. Il faut mesurer le chemin parcouru. Ce personnage était jadis la mal-lotie de la condition féminine, celle qui n'avait pas réussi à se caser faute de biens, de chance ou de beauté. Domestiques, gouvernantes ou dames de compagnie, les vieilles filles sont les parents pauvres du roman européen [tel Eugénie Grandet d'Honoré de Balzac]. Par un singulier renversement, ce sous-être est devenue l'héroïne des temps modernes : elle est désormais celle qui prend sa vie en main. Jadis, on présumait qu'elle n'avait pas pu accéder à la vie de famille. Aujourd'hui, on la crédite de n'en avoir pas voulu. L'incapacité a mué en volonté, l'impuissance s'est métamorphosée en refus." (p. 69 et 70).

Claude Habib aborde également le thème de la fidélité, en opposant la patiente attente, prière tacite ou murmurée, d'un être engagé dans une relation monogame envers l'autre ("Et souviens-toi que je t'attends", nous dit Apollinaire) aux charmes de la nouveauté sans cesse recommencée, dont elle reconnaît qu'elle exerce son attraction pure sur les mâles, avides de conquêtes nouvelles et moins sensibles aux vertus de l'attachement. Les femmes aiment également la nouveauté, mais elles ont un deuxième niveau de pensée, absent chez leurs congénères masculins, qui leur fait mettre en place des stratégies d'attachement aussitôt passé l'effet de la nouveauté :

"Même dans la modernité, les femmes continuent de porter le voeu de la durée en amour. Si délurées que puissent paraître les jeunes femmes contemporaines, ce sont elles qui freinent et contrarient la ronde du libertinage." (p. 153)

Enfin, au-delà de toutes les explications rationnelles en faveur de la vie à deux, plus riche, plus stimulante, plus douce, Claude Habib semble ne plus y tenir quand elle avoue qu'il n'y a pas vraiment de raison logique au fait de former couple, en dehors du simple plaisir, du simple jeu induits par la proximité. Elle prend l'exemple de cette espèce de perroquets d'Amérique du sud vivant en couple et qui met en oeuvre des plans de vol acrobatiques à deux, chaque oiseau faisant des loopings en étroire coordination avec son partenaire dans une sorte de danse aérienne synchronisée, sans que ces figures acrobatiques n'aient d'autre but que d'exprimer le plaisir des oiseaux de s'accompagner l'un l'autre.




2 commentaires:

  1. Bonsoir, je vous écris , parce que j’ai eu des problèmes dans ma vie mais,
    j’ai eu la solution a tous mes problèmes grâce a un Voyant féticheur qui
    m’a beaucoup aider. Mon couple, mon travail vont parfaitement bien ! Alors
    si vous voulez vous pouvez aussi contacter ce Voyant Féticheur.

    NB/Mais méfiez vous des faux marabout,parce que J’ai été fais avoir,1
    personne,soit disant marabout,je leur ai demander de l’aide, et les gens
    profite des gens qui sont en détresse pour avoir de l’argent.
    Dieu merci, je suis tomber sur ce sérieux marabout Said qui ma beaucoup
    aider.

    Voici son mail,contacter pour plus d’informations , au cas vous avez des
    problème surtout problème de
    foyer,ex,amour,couple,rupture,divorce,mariage,séparation,violences
    conjugales, il est spécialiser dans le Retour Affectif.

    Em@il:marabout.said@hotmail.fr

    LEMOINE

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  2. témoignage d'un retour d’affection rapide

    Moi j’en connais un marabout qui est super, c’est une copine qui me l’a fait connaitre, il avait fait un retour d’affection pour elle et ca a marché, alors j’ai essayé moi aussi pour mon ex, et je t’assure c’est incroyable, mon ex m’a rappelé et on s’est remis ensemble dans 7 jours. J’étais comme une folle quand il m’avait appelé, ca m’avait fait comme un choc.Si tu veux faire un retour d’affection toi aussi, tu peux lui écris sur: maitre_aze@yahoo.com ou sur telephone : 00229 99 09 82 02 .

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