Titre original : Paris nordursins ; 2014 ; sortie française mars 2015 ; réalisé par Hafsteinn Gunnar Sigurdsson ; avec Björn Thors (Hugi) ; Helgi Björnsson (Velgar) ; Nanna Kristin Magnusdottir (Erna)
Hugi, 37 ans, est remplaçant dans l'école d'un petit village islandais perdu au milieu de nulle part.
Il assiste régulièrement aux réunions de la branche locale des Alcooliques Anonymes (bien que l'anonymat soit difficile à conserver dans un village de 150 habitants où l'on croise les mêmes têtes, où que l'on aille). Hugi apprend également le portugais sur internet afin de rester en contact avec son ex-petite amie (c'est d'ailleurs dans cette langue qu'il apprendra que cette dernière a désormais un nouveau petit ami portugais, par le biais de ce dernier). Il réalise ainsi qu'il sacrifie sa relation actuelle avec Erna pour une histoire passée sans espoir de retour, et c'est ce qui le poussera à laisser Erna sortir avec son père qui, en proie à des difficultés matérielles après un long séjour en Thailande, lui rend visite et bouscule toutes les petites habitudes (le jogging, les réunions avec les AA, la télévision, les sorties au bar avec ses relations des AA, les cours à ses élèves), qu'il a érigées en autant de remparts contre la dépression qui le guette et dont il a déjà souffert à Reykjavik, avant qu'il ne trouve refuge dans le village dans lequel se situe l'intrigue du film.
Le film est ainsi une longue méditation sur les relations humaines, vues pour l'essentiel à travers le regard de Hugi, qui tente désespérément de trouver sa place dans cette micro-société, sans vraiment y parvenir. C'est ainsi qu'il décide de plier bagage à la fin du film, choisissant de faire face en allant tenter sa chance dans le vaste monde : retournera-t-il dans la grande ville, ira-t-il à l'étranger, saisira-t-il les chances qui lui tendent les bras, en tout cas, sa décision est prise et il est prêt à affronter sa vie à bras le corps. Contrebalançant la fébrilité des personnages qui semblent tous être à la poursuite d'un idéal qu'ils ne peuvent pas atteindre, la montagne Thorfinnur (sorte de Table Mountain grise de roches volcaniques) qui surplombe le village et le film du même coup semble observer impassiblement toute cette agitation sans en être le moins du monde affectée, en en soulignant l'insignifiance même, appelant les petits humains à s'inspirer de son calme et de sa sérénité afin de conduire leur vie d'une main plus ferme...
Ce que j'ai préféré dans le film : les scènes d'ouverture et de fermeture. En effet, le film s'ouvre sur un long plan séquence durant lequel nous suivons Hugi dans une de ses séances de jogging qui l'emmènent dans tous les coins du village, en passant devant ses voisins qui l'observent d'un oeil goguenard et l'interpellent, ne comprenant pas ce qui le pousse à courir ainsi. Le plan aérien de la fin nous donne l'occasion d'un long plan d'ensemble ascensionnel sur la montage Thorfinnur, que nous avons eu l'occasion d'apercevoir à partir de la base à de nombreuses reprises dans le reste du film. La scène durant laquelle Hugi se prend une énorme cuite dans la salle de gym de son école est amusante et apporte une touche d'humour à un film autrement austère. Une mention spéciale au chien amené par le père de Hugi qui, à l'image de la montagne, observe d'un oeil impassible la veine agitation des autres personnages du film.
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Hafsteinn Gunnar Sigurdsson, venu défendre son film lors de l'avant-première organisée au cinéma Le Lincoln |