mercredi 31 décembre 2014

Niort - Rochefort - Odyssée dans le marais poitevin (95k)

Réveil à 7h.30, il le faut bien car j'ai une longue route qui m'attend, avec comme objectif : Royan. Après que l'employé Best Western m'a redonné mon vélo, je commence par tourner dans les ruelles du centre-ville car le GPS éprouve le besoin de recalculer l'itinéraire sans arrêt, dès que je m'éloigne un peu du tracé qu'il préconise. Par ailleurs, ses indications ne sont pas très claires (pas de zoom cartographique ; direction fléchée imprécise). Comme cela m'est déjà arrivé par le passé et que je sais qu'il faut simplement attendre le retour au bon fonctionnement du navigateur, en le redémarrant éventuellement, j'en profite pour admirer l'église Saint-Hilaire de Niort, magnifique sous le soleil rasant de l'hiver.

Une fois le GPS à nouveau en état de fonctionnement, je quitte Niort par la rue Jean-Jaurès, non sans avoir pu admirer une superbe fresque murale représentant un personnage prisonnier d'un caddie, sous le regard impassible d'un chien géant. Cela me rappelle la sortie street art en compagnie d'Etienne, à Vitry-sur-Seine. L'ironie de la situation provient de fait que cette fresque est peinte juste en face d'un supermarché Carrefour qui ne semble pas désemplir en cette veillée de Nouvel An.

Je ne tarde pas à quitter l'agglomération en suivant une route relativement fréquentée. Mais bientôt, devant les bâtiments abritant le siège des services de jardinerie de la mairie de Niort, je bifurque et emprunte des chemins agricoles non revêtus, les multiples nids de poule qui les ornent sont remplis d'une eau qui a gelé. Pourtan, il fait un beau soleil, et je suis bientôt obligé d'enlever une couche de vêtements car je me rends compte que je transpire, alors même que je ne dois pas produire d'effort particulier pour grimper une côte.

A partir de Landrais, le paysage change imperceptiblement, et je peux constater la présence d'eau de chaque côté de la route. J'entends également, plus que je ne les vois en raison de leur caractère furtif à l'extrême, le cri d'oiseaux d'eau. Je traverse également à plusieurs reprises des ponts de franchissement des canaux de drainage régulant le niveau des eaux / d'irrigation des cultures à partir du château d'eau que constitue le marais poitevin.

Le paysage est superbe, entre roseaux, bruissements de la faune, cultures et marécages encadrant la petite route que j'emprunte. Je finis par atteindre la Charente au niveau de Tonnay-Charente, élégante cité historique en bord de fleuve, traversée par un aqueduc/passerelle impressionnant par le côté "19e siècle" de sa conception. Sa beauté est encore rehaussée par le fait qu'il est réservé aux piétons et aux cyclistes.

Pourtant, malgré l'invitation lancée par le pont, je ne traverse pas la Charente et continue, après Tonnay, en direction de l'itinéraire Vélodyssée qui me rappelle la Cuckoo Trail traversant le Sussex oriental en direction d'Eastbourne. En effet, dans un cas comme dans l'autre, il s'agit à l'évidence d'une ancienne voie de chemin de fer (on peut le deviner aux travaux de terrassements destinés à égaliser le parcours, en supprimant les montées et les descentes intempestives) dont les anciennes gares désaffectées ponctuent le parcours. Cependant, Vélodyssée n'est que rarement macadamisée, contrairement à la Cuckoo Trail qui l'est, d'une extrêmité de son parcours à l'autre. Malgré de légers tressautements, le parcours est tout de même relativement régulier, pas trop de pierres sur le chemin.

Si l'on considère la situation du point de vue de la préservation de l'environnement, le défaut de revêtement permet à Vélodyssée de parfaitement s'intégrer dans son écosystème, les marais poitevins entre La Vallée et Rochefort. Malgré le caractère enchanteur du paysage qui m'entoure, alors qu'il est 18 heures, que la lumière baisse, et que mon genou me tourmente avec une acuité toujours croissante, je suis amené à revérifier la distance me séparant de Royant, et là, j'ai une surprise : au lieu de la vingtaine de kilomètres escomtée, en me fondant sur l'estimation du GPS avant le départ et la distance déjà parcourue calculée par mon compteur de vitesse, la distance me restant à parcourir est évaluée à ... 45k.

Après vérification, j'en arrive à la confirmation que 45k est bien la distance qu'il me reste à parcourir entre ma position et Royan. A l'évidence, cela ne me sera pas possible car il fait pratiquement nuit déjà et que la réception de mon hôtel ferme à 20 heures. Il me faut donc ajuster en dernière minute mon itinéraire. Je compte désormais faire escale à Rochefort qui ne se trouve qu'à une dizaine de kilomètres de ma position, d'autant que j'y trouve un hôtel acceptant de m'accueillir en cette nuit de la Saint-Sylvestre. Il me faudra sans doute revoir la fin de mon itinéraire en conséquence de ce changement, mais c'est là une question que je verrai en temps utiles.

Je règle le GPS en lui demandant de me guider vers Rochefort. Je sors de la Vélodyssée, retrouve des routes départementales classiques, avant d'aborder la banlieue de Rochefort (l'ambiance de la soirée du Réveillon est nettement perceptible, alors que les derniers promeneurs effectuent leurs derniers achats à la hâte, notamment dans les boulangeries). Malheureusement, le GPS tient à me faire traverser la Charente par le transbordeur qui ne fonctionne pourtant pas au moment où j'aurais besoin de ses services. En effet, il est en maintenance. Il me faut alors regagner l'immense pont autoroutier qui enjambe la Charente en direction de Rochefort, je ne suis guère rassuré à cette perspective, mais il faut m'y résoudre car je n'ai pas le choix.

Je m'élance donc à l'assaut du pont et j'ai l'agréable surprise de constater que, même si son gravissement paraît formidable vu des berges du fleuve, il est plus facile à grimper que ce que j'avais escompté. Certes, les voitures me frôlent, même lancées à toute vitesse, mais je ne me laisse pas impressionner et continue mon cheminement le plus tranquillement possible.

Encore quelques coups de pédales et j'atteins finalement Rochefort et l'hôtel Lafayette. Une fois à l'intérieur de ma chambre, je m'affale sur le lit après une journée riche en rebondissements.

Eglise Saint-Hilaire de Niort

Rue Jean-Jaurès à Niort






Frontenay-Rohan-Rohan au sortir de Niort

Chemin agricole longeant la départementale


Frontenay-Rohan-Rohan, le long de la voie de chemin de fer

Paysage des Deux-Sèvres

Landrais, Charente-maritime (17)




Muron, dans le coeur du marais poitevin


Tonnay-Charente


Rampe Rochechouart donnant accès au pont suspendu de Tonnay-Charente








Trajet cyclotouriste 'Vélodyssée', au niveau de La Vallée




 


 

mardi 30 décembre 2014

De Poitiers à Niort : au coeur de la France rurale des Deux-Sèvres (79) (85k)

Je commence ma journée par me lever relativement tard (9h.00). Comme chaque matin, j'exécute ma routine tel un robot bien discipliné (petit-déjeuner ; rassemblement de mes affaires et remplissage des sacs, aussi méthodiquement que possible, mais je reconnais que j'ai encore une marge de progression en la matière). Je quitte finalement le hall de mon Ibis douillet pour affronter le froid, qui est mordant aujourd'hui encore.

Selon la météo, heureusement, le vent sera faible aujourd'hui et il me sera favorable. Je commence donc mon évolution par les petites ruelles du centre historique de Poitiers, fort pentues au demeurant. Je dois descendre jusqu'au niveau de la Vienne, avant de remonter l'autre versant relativement escarpé. Je sors néanmoins assez rapidement de l'agglomération, et commence mon cheminement par une départementale relativement fréquentée, avant que le GPS ne me fasse bifurquer vers un chemin forestier / une piste cyclable au niveau de Vouneuil-sous-Biard. Puis j'emprunte des départementales à voie unique, comme au Quinçay. A Vouillé, je rencontre un arbre solitaire au bord de la route. Je m'arrête pour le photographier car il est entouré d'une atmosphère surnaturelle dans son splendide isolement, si bien que l'on a l'impression qu'il s'agit en fait d'un abri pour elfes et autres fées, et qu'ils se cachent à l'intérieur de son tronc ou alors entre les ramifications de ses racines, prêts à sauter à la figure de tout intrus qui s'intéresserait de trop près à leur arbre. Je me garde bien de trop m'attarder et continue mon chemin, afin de rattraper le retard pris lors de mon départ tardif.

A Chiré-en-Montreuil, alors que je suis encore dans la Vienne, des arbres dénudés par l'hiver, aux branches tortueuses arrêtent mon attention alors que je m'apprête à traverser un massif forestier.

Nouvelle pause à Vasles, à présent que je suis passé du côté des Deux-Sèvres, et que l'élevage semble prendre le dessus relativement aux cultures -- je constate la présence d'animaux de la ferme paissant dans les prairies -- visiblement, ils ne sont pas tous à l'étable. A Vasles, je fais une pause au niveau d'un terrain qui semble avoir été parcouru à de nombreuses reprises par des véhicules ayant décrit des cercles concentriques sur un petit terrain un peu en retrait de la route, sans raison apparente. Sans doute des cérémonies noctures et magiques accomplies par les villageois ;-)

Je m'arrête un instant devant la Chapelle de Ménigoute, dont le flamboiement gothique a de quoi surprendre dans ce bourg des Deux-Sèvres orientales à l'apparence par ailleurs modeste. Je tente d'ouvrir la porte pour jeter un oeil à l'intérieur, en vain.

A Fomperron, je marrête à nouveau pour observer le paysage alentours, extrêmement champêtre, des prairies et quelques bosquets  constituent les deux éléments que l'on retrouve le plus souvent, alors que je monte et descends une suite de monts modestes, mais qui confèrent au paysage une allure réjouie, même en ces durs temps d'hiver. A Exireuil, je m'arrête un instant devant une ferme en la comparant aux exploitations qu'il m'a été donné de voir alors que je parcourais la Suède. La ferme française paraît bien plus ancienne, pâtinée par le temps, que son homologue suédoise. L'architecture des corps de bâtiment est également plus complexe et plus agréable à regarder, en comparaison des fermes suédoise de la vallée de la Svenska qui ont l'apparence plus simple de parallélépipèdes aux murs de planches de bois, un peu comme celles que l'on peut voir dans les westerns. C'est l'opposition entre la vieille Europe et une Europe plus récente qui m'a frappé sans doute.

Je me réjouis d'arriver à Saint-Mexent-l'Ecole, même si la ville industrielle et de garnison ne présente pas d'intérêt particulier du point de vue touristique, car elle est proche de Niort. Je traverse la longue rue principale encombrée par un trafic assez dense. Je quitte cette route à la sortie de Saint-Mexent, par une petite route à partir de la zone d'activité de la ville.

Dernière péripétie de la journée, alors que je chemine à travers champs au niveau de La Crèche, je suis interloqué par un mini-cimetière de quatre pierres tombales seulement, situé en plein champ. Je fais demi-tour pour prendre quelques clichés de l'intérieur de son enceinte faite de pierres posées les unes sur les autres, et manque de m'embourber en raison de l'état de la terre, ramolli à l'extrême par l'humidité ambiante et les pluies des jours passés peut-être. Mes sur-chaussures toutes neuves sont ruinées, il me faudra penser à changer de chaussures avant de pénétrer dans le hall de l'hôtel si je veux préserver leur moquette de toute la boue ramenée de La Crèche.

Finalement, j'arrive à Niort alors que la nuit tombe. Je pénètre dans l'agglomération par une banlieue cossue, avant de me retrouver sur un réseau de routes qui me paraissent peu adaptées au vélo (relativement étroites, pleines d'un trafic intense). Je ne tarde pas cependant à trouver le Best Western de la place de la Brèche, change mes chaussures sur un banc public, avant de me présenter à l'employée.

A noter qu'il s'agira de l'hôtel le plus luxueux qu'il m'aura été donné de fréquenter, facturé 60€ seulement. J'apprécie particulièrement la chambre spatieuse, l'accueil toutes lumières allumées après que j'ai inséré ma carte dans la fente prévue à cet effet, avec la télé grand écran branchée sur une chaîne qui diffuse des clips vidéo des années 1980. Tout ce qu'il me faut.

Je me sens néanmoins trop fatigué pour sortir, d'autant que mon genou gauche est douloureux, et j'envisage un moment d'avoir recours au room service. Malheureusement, l'hôtel n'est pas muni de cuisines, la carte ne propose que des plats surgelés et l'employée de la réception elle-même me conseille plutôt de sortir pour aller manger au Sorrento, un restaurant italien niortais de bonne réputation.

Soit, cela me permettra de faire quelques pas en ville...

Rue du Cuvier, Poitiers


Je me gare derrière le facteur de ce quartier de Poitiers

Route de la Forêt, Vouneuil-sous-Biard (86)

Quinçay

J'admire mes nouvelles sur-chaussures "haute visibilité"



Vouillé dans la brume, au sortir de Poitiers (86)

L'arbre habité par les esprits de Vouillé






La forêt des arbres griffus à Chiré-en-Montreuil



Je pénètre dans les Deux-Sèvres par la commune de Vasles

Terrain de pratiques circulaires

Chapelle Jean-Boucard à Ménigoute





Fomperron, Deux-Sèvres




Ferme à Exireuil

Azay-le-Brûlé, zone d'activité au sortir de Saint-Mexent-l'Ecole



Petit cimetière de La Crèche, route de Cerzeau Boisragon




Terrasses de La Crèche


Niort by night, place de la Brèche

Dîner au Sorrento de Niort