lundi 14 octobre 2013

Journal de Crise, par François Baroin, JC Lattès, 2013

Ce Journal de crise constitue une défense et illustration du bilan économique de Nicolas Sarkozy, notamment à partir du déclenchement de la crise des subprimes en 2008. Dans cette perspective, F. Baroin mêle deux fils d'Ariane : i) il cherche à démonter l'argument selon lequel Sarkozy a été le "président des riches", tout en insistant sur sa rigueur dans la gestion du budget de l'Etat ; ii) il insiste sur l'énergie dépensée sans compter par lui-même et l'ensemble du gouvernement, avec talent, dans le but de sauver la zone euro.

F. Baroin veut démontrer que Sarkozy n'a pas été le président des riches en insistant sur sa défense d'une certaine justice sociale, par le biais de la réforme des taux d'imposition des contribuables les plus riches ou encore la suppression du bouclier fiscal garantissant un taux d'imposition maximal de 50 %. Il insiste sur son souci constant de préserver les intérêts des plus vulnérables, tout en mettant à contribution les plus favorisés : il en a été ainsi de la taxe sur les bonus ou encore sur les transactions financières. Il met en avant sa lutte contre l'évasion, voire l'optimisation fiscales en souhaitant que les grands groupes installés en France contribuent au budget de l'Etat qui les accueille.

Ce faisant, F. Baroin ne s'est jamais départi d'une grande "rigueur" (même si le terme est rejeté par N. Sarkozy) dans la gestion des deniers publics, en limitant les dépenses par le biais, par exemple, du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux. Cet impératif de gestion qu'il s'est fixé au ministère du Budget, comme aux Finances, l'a poussé à soutenir l'adoption par la France de la "règle d'or" de l'équilibre du budget de l'Etat, sans parvenir toutefois à l'imposer.

Par ailleurs, l'ancien ministre des finances rappelle combien l'euro et la situation grecque ont été une préoccupation de tous les instants, avec la crainte que la faillite grecque ne débouche sur un éclatement de la zone euro, avec pour conséquence l'ébranlement de la confiance dans les économies de la zone euro et finalement un bank run (une ruée des épargnants sur les guichets bancaires afin de retirer leurs économies), ce qu'il a réussi à éviter, grâce notamment à sa coopération étroite avec son alter ego allemand Wolfgang Schaüble, dont il sait se faire écouter afin d'assouplir la position de l'Allemagne par la création du Fonds européen de stabilité financière, puis du Mécanisme européen de stabilité, témoins de l'intégration croissante des économies de la zone euro sous son ministère.

Ce Journal de crise se lit facilement, malgré quelques passages techniques sur la réforme des impôts. Il permet au lecteur de se promener dans les arcanes du pouvoir, en prenant la mesure du travail réalisé au sein des ministères. F. Baroin pimente son Journal par quelques anecdotes concernant les principaux personnages politiques français contemporains (il évoque ainsi le formidable aplomb de S. Royal en toutes circonstances, et la ténacité / vivacité hors norme du Président Hollande). Rappelant son passé de journaliste, il s'étend sur les rapports entre médias et pouvoir, en rappelant combien il est important pour le gouvernement de défendre son action par un message lisible, tout en nous contant a contrario certaines des gaffes qu'il a pu commettre, et qui ont pu donner lieu à des incidents de séance à l'assemblée.

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