jeudi 14 mai 2015

Jimmy Dean

Vivre Vite, roman fondé sur la vie de James Dean, par Philippe Besson, Julliard, Paris, 2014

Vivre vite est un roman choral consacré aux différentes étapes de la vie de James Dean, depuis (i) sa naissance en 1931, puis son enfance partagée entre l'appartement de ses parents en Californie jusqu'à la mort de sa mère en 1940, puis la ferme de ses oncle et tante à Fairmount dans l’Indiana, (ii) ses premiers jobs décrochés à New York, alors qu'il court les auditions tout en tirant le diable par la queue, et enfin (iii) la révélation à Hollywood un peu avant le milieu des années 1950, à l'époque où il décroche ses premiers grands rôles au cinéma sous l'égide d'Elia Kazan (A l'Est d'Eden), Nicholas Ray (La Fureur de vivre) et George Stevens (Géant). Son destin s'est peu après brutalement interrompu en 1955 à pleine vitesse dans un fracas de tôles retournées, noircies, pliées, tordues, arrachées, compressées, son corps incarcéré à l'intérieur de l'épave fumante de sa Porsche flambant neuve, alors que ce fou de vitesse se rendait à Salinas pour y disputer une course automobile.

La boucle est donc bouclée, Salinas étant la ville dans laquelle il avait tourné A l'Est d'Eden, qui avait révélé son personnage d'adolescent rebelle, en conflit avec l'autorité, ne sachant que faire de lui-même, se bagarrant avec tout le monde, tournant comme un lion en cage. La jeunesse de l'époque se reconnaît dans ses expressions boudeuses, renfrognées, elle s'identifie à son allure de poète mêlant les stéréotypes qu'elle idolâtre encore aujourd'hui : le dur à cuire, le bad boy, le bagarreur, doublé d'un garçon sensible, perdu, attendrissant. Par son allure angélique, sa dégaine désinvolte et insolente, son regard de défi, il aura su mieux que quiconque (à l'exception de Marlon Brando et de Monty Clift)  incarner le rebelle un peu poète, provoquant des scènes d'hystérie lors de l'avant-première posthume de Géant

Entre temps, nous aurons eu le temps de prendre connaissance de Jimmy à travers les yeux de tous ceux qui l'ont fréquenté durant ses années de formation, puis au moment de sa révélation. Que ce soient ses parents, sa famille proche, ses professeurs de théâtre, ses petites amies, ses amants, ses relations professionnelles, tous décriront sa personnalité hypnotique, incontrôlable, libre comme le vent, ses contradictions qui le poussent à perfectionner son art jusqu'aux limites du possible (il est admis à l'Actor's Studio, l'école dramatique la plus réputée du moment), d'une part, et, d'autre part, ses démons qui semblent toujours le rattraper, même lorsqu'il devient l'acteur n° 1 à Hollywood : caractère ombrageux, noctambulisme, beuveries, promiscuité et vitesse, autant d'ingrédients du cocktail explosif qui finit par l'emporter. 

A travers ce roman, on réalise ainsi la différence entre acteur et comédien. Tandis que le premier incarne son personnage, le second endosse une personnalité d'emprunt qu'il imite à la perfection. Dans le cas du comédien, il n'y a pas d'identification entre le personnage et l'acteur, contrairement à l'acteur qui ne fait plus qu'un avec son personnage.

La clé du succès de la légende de Jimmy réside incontestablement dans le fait qu'il incarnait le personnage du rebelle avide de liberté face aux carcans de la société traditionnelle, à l'écran comme à la ville.

PS : En complément du livre de P. Besson, le documentaire James Dean and me donne accès à des images d'archives ainsi qu'à des témoignages de proches, jetant ainsi une nouvelle lumière sur la personnalité et le parcours de Jimmy. 





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