samedi 18 mai 2013

‘Gatsby le magnifique’, film américain de Jack Clayton, 1974, d’après le roman de Francis Scott Fitzgerald The Great Gatsby (1924)

Ce film est centré sur le jeu des apparences. Nous avons d’un côté un monde fait de richesse inconsciente, et de l’autre, une normalité, sordide dans le cas du garagiste ou alors qui se cache sous les oripeaux d’une richesse de façade dans le cas de Gatsby.

Gatsby est un homme qui étale les signes de sa richesse apparente en donnant des fêtes grandioses dans son immense demeure de Long Island. Par ce biais, il espère en fait attirer l’attention de son ancien amour de jeunesse, Daisy, mariée depuis à un riche homme d’affaires alors que Gatsby se battait en Europe pendant la Première guerre mondiale. Il semble la reconquérir sans difficulté. Mais le passé peut-il être réécrit ? Le tout est vu et raconté par un outsider, un cousin de Daisy, qui demeure extérieur aux choses qu’il nous raconte, si ce n’est qu’il devient l’ami proche de Gatsby en découvrant les qualités humaines de ce dernier.

L’ambiance de ce film est empreinte du thème obsédant de Fitzgerald, à savoir son constat de l’existence d’une barrière invisible mais infranchissable entre un monde de privilèges et un autre, où les hommes et les femmes doivent s’échiner au travail pour gagner leur pauvre pain quotidien. Il avait déjà abordé ce thème dans Un diamant gros comme le Ritz . Le parallèle est frappant, notamment lors de la scène où Gatsby, cherchant à impressionner Daisy, lance en l’air l’une après l’autre toutes ses chemines fines importées de Londres, ce qui provoque un ruissellement de soie rose devant les yeux émerveillés de sa dulcinée et des spectateurs. Cette scène est à rapprocher des jets d'eau parfumée à la rose équipant la baignoire de l’incroyable salle d’eau décrite dans Un diamant – dans les deux cas, le ruissellement éblouit, fait écarquiller les yeux et bouleverse par tant de luxe, d’abondance et de privilèges.

La dualité du point de vue de Fitzgerald resurgit dans le film puisque, d’un côté, il prend le parti des personnes écrasées par les puissants dans un affrontement perdu par avance. D’un autre côté, il est émerveillé par le mode de vie tapageur des premiers et dégoûté par les aspects sordides de la vie des humbles.

La reconstitution d’une certaine ambiance des années folles est particulièrement soignée et brillamment accompagnée par le jazz de George Gershwin et constitue en soi une raison suffisante pour aller voir ce film, outre la présence lumineuse de R. Redford dans son rôle le plus célèbre.

N.B. : On remarquera que, au cours de la scène introductive de la présentation du cousin de Daisy à la famille de cette dernière, le mari de Daisy exprime son souci de défendre la civilisation blanche contre le danger de submersion qui la guette. Et l’on peut remarquer que les minorités sont exclues du monde des riches, en particulier les Noirs qui demeurent invisibles. Ce n’est qu’au moment du dénouement de la lutte engagée par Gatsby contre le mari de Daisy pour la conquête de cette dernière qu’un couple d’Africains Américains apparaît comme témoins d’un incident, symboles de la mauvaise conscience de ceux qui les avaient exclus et qui se retournent contre eux.

 


 


 

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