vendredi 10 mai 2013

Sugar Man (film suédo-britannique, Searching for Sugar Man, 2012, documentaire de Malik Bendjelloul, avec Sixto Diaz Rodriguez, Stephen Segerman)


Il s’agit d’un documentaire qui porte au rêve et à la réflexion ou à la médiation. Filmé entre Detroit et Le Cap, deux paysages contrastés entre une ville industrielle plongée dans une crise permanente et une région d’Afrique du Sud, dont les paysages magnifiques ne peuvent faire oublier qu’ils ont été le théâtre d’évènements dramatiques en rapport avec l’apartheid. Ce film montre comment la force des chansons de Rodriguez, qui a puisé son inspiration dans le Detroit des années 1980, a largement appuyé les aspirations de jeunes issus de la classe moyenne blanche sud-africaine à plus de liberté, d’épanouissement, de contact avec le reste du monde en mettant fin au régime étouffant de l’apartheid. Cette classe moyenne blanche libérale, par ses critiques adressées d’abord sur un ton feutré, puis de plus en plus haut, a contribué à la disparition de l’apartheid.

Ce film montre comment des courants d’idées, exprimées dans des chansons intimistes, pas même franchement politiques, peuvent apporter de la joie et de l’énergie et aider celles et ceux qui oeuvrent au renversement de situtations pourtant réputées sans espoir.

Le film dresse également un portrait quasi-surnaturel du chanteur folk Rodriguez, assez proche de Bob Dylan dans son genre musical, puisqu’il meurt et rescusite au cours du récit. La force de son message repose sur sa personnalité quasi-christique : l’argent ne l’intéresse aucunement, il est tourné vers les autres, répand son énergie positive partout où ses pas le portent, sans se forcer si j’ose dire : il obéit à une tendance naturelle, en dehors de tout calcul marketing ou de notion de devoir. Il mène sa vie de façon cohérente avec ses inclinations. Il ne donne pas de leçon. C’est un cas atypique, extrêmement séduisant par un certain dénument qu’il nous donne à voir, son côté direct également, son rejet du jeu sur les apparences, dans un secteur économique et artistique, celui du show business, qui promeut des valeurs tout à fait opposées, où le bling est roi. Oui, mais voilà : toute tendance semble engendrer une tendance contraire, et c’est de cela aussi dont le film nous parle…

 
 

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