Il
s’agit d’un documentaire qui porte au rêve et à la réflexion ou à la médiation.
Filmé entre Detroit et Le Cap, deux paysages contrastés entre une ville
industrielle plongée dans une crise permanente et une région d’Afrique du Sud,
dont les paysages magnifiques ne peuvent faire oublier qu’ils ont été le
théâtre d’évènements dramatiques en rapport avec l’apartheid. Ce film montre
comment la force des chansons de Rodriguez, qui a puisé son inspiration dans le
Detroit des années 1980, a largement appuyé les aspirations de jeunes issus de
la classe moyenne blanche sud-africaine à plus de liberté, d’épanouissement, de
contact avec le reste du monde en mettant fin au régime étouffant de l’apartheid.
Cette classe moyenne blanche libérale, par ses critiques adressées d’abord sur
un ton feutré, puis de plus en plus haut, a contribué à la disparition de l’apartheid.
Ce
film montre comment des courants d’idées, exprimées dans des chansons
intimistes, pas même franchement politiques, peuvent apporter de la joie et de
l’énergie et aider celles et ceux qui oeuvrent au renversement de situtations
pourtant réputées sans espoir.
Le
film dresse également un portrait quasi-surnaturel du chanteur folk Rodriguez,
assez proche de Bob Dylan dans son genre musical, puisqu’il meurt et rescusite
au cours du récit. La force de son message repose sur sa personnalité
quasi-christique : l’argent ne l’intéresse aucunement, il est tourné vers
les autres, répand son énergie positive partout où ses pas le portent, sans se
forcer si j’ose dire : il obéit à une tendance naturelle, en dehors de tout
calcul marketing ou de notion de devoir. Il mène sa vie de façon cohérente avec
ses inclinations. Il ne donne pas de leçon. C’est un cas atypique, extrêmement
séduisant par un certain dénument qu’il nous donne à voir, son côté direct
également, son rejet du jeu sur les apparences, dans un secteur économique et
artistique, celui du show business,
qui promeut des valeurs tout à fait opposées, où le bling est roi. Oui, mais
voilà : toute tendance semble engendrer une tendance contraire, et c’est
de cela aussi dont le film nous parle…
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