mardi 14 mai 2013

‘I want your love’, film américain de Travis Mathews, 2012, sortie le 1er mai 2013, avec Jesse Metzger


Ce film tente d’offrir une nouvelle perspective sur le monde gay et les relations entretenues entre ses membres, sur un mode résolument réaliste, souvent cru même.

Après dix années passées à San Francisco, un homme encore jeune décide de mettre un terme à son séjour dans cette ville de la liberté, des expérimentations et du plaisir, afin de se réinstaller dans son Ohio natal, vaincu par les difficultés économiques qu’il n’a pu surmonter et par son échec à s’établir en tant qu’artiste (on le voit ébaucher quelques croquis ainsi qu’une danse des petits pains à la Charlie Chaplin sur la table de sa cuisine pour nous montrer son âme d’artiste, d’ailleurs).

Le film est construit autour de la fête d’adieu qui se déroule dans la maison victorienne qu’il partageait jusque-là avec d’autres colocataires, gays eux-aussi, fête à laquelle il décide de ne finalement pas prendre part. Le film s’achève dans la voiture qui le mène à l’aéroport où il doit prendre son vol de retour définitif, en proie à des hésitations grandissantes sur la direction qu’il convient d’imprimer à sa vie.

Entre-temps, le film est l’occasion d’exhiber les activités de son groupe d’amis / amants tournant principalement autour de la drague et de l’amour physique, filmés de la façon la plus graphique et naturaliste qui soit, confinant parfois au porno (sans le glam ni l’aspect kitsch ni aucun embellissement de la réalité à la David LaChapelle qui caractérisent habituellement l’esthétique gay).

Le film est intéressant dans sa description des parcours individuels qu’il raconte. Cependant, son originalité s’arrête là et il retombe dans le cliché en limitant l’existence de jeunes hommes gays à la recherche éperdue de contacts sexuels les plus fréquents possibles avec leurs congénères. Cette activité envahissante est pourtant désignée comme étant à l’origine de l’échec du projet initial du personnage principal qui voulait faire sa vie à S.F., puisque de son aveu même il ne s’est pas suffisamment centré sur son projet artistique. Il n’a pas su trouver non plus le moyen de viabiliser ce projet.

Il faut dire que le milieu décrit dans le film, et qu’il fréquente exclusivement semble-t-il, réduit les perspectives du héros et on comprend que, enfermé dans ce microcosme, il n’a pas pu développer de projet artistique ou de vie d’ampleur satisfaisante, en lien avec le vaste monde. Son enfermement dans le ghetto ne lui a pas permis de dégager les ressources qui lui auraient permis de continuer, ni de trouver de nouvelles sources d’inspiration qui lui auraient permis de se renouveler artistiquement.

La « morale » du film se site sans doute à ce niveau : jeunes gays, sortez de votre monde clos, franchissez les digues protégeant votre petit monde des remous du vaste monde, n’ayez pas peur de voguer en haute mer, larguez les amarres qui vous retiennent à votre « zone de confort » protégée, lancez-vous et faites le tour du monde en solitaire, là se trouvent votre éveil et votre salut.

Il est une scène révélatrice à ce propos, lorsque le héros refuse de faire l’amour avec un de ses amis/amants - alors que les préliminaires sont déjà bien avancées, il dit « non ». Ce « non » annonce peut-être une maîtrise de soi qui lui faisait défaut jusque-là, ce qui lui ouvre en retour des horizons nouveaux et l’aidera à adopter un mode de vie plus conforme avec ses aspirations profondes.

 

 
 


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