mardi 14 octobre 2014

Un Tango en bord de mer

Pièce de théâtre d'après le roman de Philippe Besson. Mise en scène de Patrice Kerbrat, avec Jean-Pierre Bouvier et Frédéric Nyssen.

J'ai été immédiatement attiré par le sujet de la pièce, à savoir les relations amoureuses entre deux êtres, l'un raisonnable et rangé, l'autre excessif et rebelle... Pourtant, je craignais de retrouver des éléments qui m'avaient déplu dans le livre, par ailleurs excellent Une Année qui commence bien, de Dominique Noguez, qui décrit un genre de relations similaire entre un écrivain d'âge mûr et un jeune homme fantasque.

En effet, en lisant Dominique Noguez malgré la complainte qu'il pousse en voulant défendre le sort de son personnage l'écrivain, livré en pâture consentante aux caprices insupportables de son jeune amant, on ne peut s'empêcher d'éprouver un malaise face au comportement prédateur de l'écrivain vis-à-vis d'un jeune homme prétendument très beau. En effet, le jeune homme n'a que sa beauté, sa beauté et ses caprices pour se défendre contre l'intérêt libidineux que lui porte l'écrivain, qui lui possède tout : succès, reconnaissance, célébrité, à l'exception de la jeunesse et de la beauté, dont il se repaît en fréquentant le jeune homme. Si bien qu'on finit par se retrouver bien incapable de compassion vis-à-vis de l'écrivain soit-disant victime de la cruauté de son amant, car que peut-il bien attendre d'une relation aussi déséquilibrée ?

Un Tango en bord de mer évite cet écueil, en donnant la parole aussi bien au jeune homme fougueux qu'à l'écrivain âgé mais encore vert. Même si le jeune homme n'est pas aussi instruit, ni aussi riche que son ami vieillissant, il n'en conserve pas moins sous la plume de Besson adapté par Kerbrat une jolie capacité d'expression, et il défend son cas pied à pied contre son ami et devant les spectateurs. Ainsi, il n'était pas un gigolo du temps de sa relation avec l'écrivain, tout en ne travaillant pas et en profitant des largesses de la situation financière de son amant, car il aimait l'écrivain, sincèrement et profondément, tout en ayant du mal à supporter les travers de ce dernier et son emprise intellectuelle.

La relation entre les deux hommes, malgré les différences de classe, d'instruction, d'extraction, etc. qui les séparent, en gagne en crédibilité, à mesure que tous deux se jettent à la figure leurs griefs respectifs, ce qui leur permet de mieux apprécier ce qui n'avait pas marché entre eux, les raisons qui se cachaient sous la mésentente et qu'ils peuvent maintenant surmonter, pour, qui sait, peut-être à nouveau tomber amoureux...




 


 


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